Le pouvoir des fleurs, Jean-Marie Laclavetine

-        Eh dic donc les jeunes, va pas falloir me chauffer avec ce sujet, d'accord ! Passque le concept, « vous inquiétez pas ma p'tite dame, je me charge de tout et veillerai à tout bien ranger avant de partir ». Mon c.., oui ! Allez jouer ailleurs les mômes. J'ai du boulot moi !
-        Bien envoyé la mère.

Des fleurs en pagaille. Mais alors, v'la les fleurs ! On n'est pas dans le jardin des simples de la mère de Bingen ou de la mère Sforza. Complètement rabougris les boutons. Il faut reconnaître que le terreau était plutôt déclassé.

Nous tenons dans les mains un rapport ultra confidentiel sur les années fastes de la botanique et de la chimie au siècle dernier. Les recrutements dans cette filière ont été principalement réalisés dans les milieux dits "zézés". Le problème, c'est que dans cet échantillon, statistiques à l'appui, peu ont la main verte. Au mieux, une grande capacité à proposer de nouvelles idées (l'ennui probablement) et au pire, une capacité exemplaire à faire pousser du vent fric. Dans tous les cas, la recherche inconditionnelle du pouvoir, de la richesse et de la notoriété fut ( et reste) une constante très présente.

Le sujet :
un type barré vexé, presque médecin, grand amateur d'insectes (il en faut), mécène urbain, jamais à court d'idées, jaloux, très jaloux, organise une « petite sauterie » sur le long terme, à destination de sa belle évaporée. Dans le même temps, un groupe d'amis explore et définit dans son local parisien le monde futur. De grands moments poétiques, lyriques et toul'toutim.. Une épopée des temps modernes. 

« Passons la monnaie ! »
Au programme: décomplexion et desinhibition. Evolution dans une bulle bien chaude (pépin n'est pas loin), cotonneuse. La bourgeoise en émoi. Libération des pratiques sexuelles (?). Engagements et combats politiques, luttes des classes probables sociales, stages ouvriers formateurs. Artistes pistonnés. Folles inventions. La recherche du fils. Ambiance restauration pour fortunés, pas de crise pour ma petite entreprise. Fille-mère aux mille fers, possessivité possession mère-fils, envol d'enfant de cerf-volant. Voyage d'agrément à Cuba et visite au pas de charge de la Havane. Expérimentation de la parentalité sous toutes ses formes. Grand-paternité au bord de la Marne. Etre femme libérée au XXè siècle. La Révolution bourgeoise en action (pardonnez ce pléonasme). Rapprochement des peuples. Vie en communauté. Jalousie (plutôt exacerbée). Des enfants dans l'dos. Paternité multiple. Privation. Création de monnaie. Usurpation d'identité. Entrepreneur déchu déçu. La cavalerie à la rescousse. L'argent amène l'argent. Des communs...

Le tournage à Cuba : plusieurs déplacements dans l'île. Folles virées. Période de pointe à la Havane. Chassés croisés de go fast... Bel air est le traître. Tercero, le « has been », passe le relais à Bel Air, ci-avant mentionné. 
Le tournage en France (gros budget) : Paris, tour Eiffel, restauration de luxe, logements de caractère. Nombreux déplacements en province. Scénario travaillé et soigné. 

Une bien belle histoire. Poétique et sombre à souhait. On peut juste regretter le traitement final. Ce petit côté "Tontons flingueurs" à la cubaine, en plein milieu de nulle part... et un petit côté également Sisters Act version moines. L'effet années 80, sûrement ! 

Pour aller plus loin :  

Les fleurs de base : Marie-Laurence dite Lola, Bénédicte, Jeannette (procédure de déclassement en cours), Amélia...
Les couillons-fleurs : Michel, Fonfon, Chris, Nico
Les reni-fleurs : Ambroise et ses poissons, Jacques et ses insectes, Pedro fonctionnaire cubain, Franck le grand-père assermenté...
Les techniques : cerf-volant de bambou, communication sur l'oreiller, « j'arrête quand je veux, si je veux ! » (ben voyons!)
Les lieux : Paris, Lyon, Gradignan, Toulouse, Franconville (?), Brenne, (re-?), la Havane
Les références : Tenebrio Molitor, Cuba, la Bodeguita, Nat King Cole, Alejo Carpentier, Pablo Neruda, Papa Hemingway, Celia Cruz, Celio Feliciano, Ruben Blades, le port de Mariel, La Havane, Playa Grande, Bloqueo, Pabello, Le Malecon, la Giraldilla, Dona Juès de Bobadilla, Hernando, de Soto
Les danses : un sonchanguin d'Orquesta Revé, un songo de Los Van Van, et une salsa de Sonora Poncena.
Les boissons : alcool de prunes, rhum de Matanzas
Les sentiments-fleurs: désespoir, culpabilité
Le petit plus fleuri : quizz sur la tour Eiffel, et sur la technique du cerf-volant

Pour aller encore plus loin :
http://fr.wikipedia.org/wiki/1968
http://www.sinemensuel.com/grandes-interviews/jean-marie-laclavetine-a-bas-le-conformisme-de-masse/
http://www.gallimard.fr/Contributeurs/Jean-Marie-Laclavetine
http://www.la-croix.com/Culture/Livres-Idees/Livres/Jean-Marie-Laclavetine-J-aime-le-climat-de-la-Touraine-parce-qu-il-est-doux-et-sans-exces-_EP_-2012-07-01-825802
http://www.lexpress.fr/culture/livre/jean-marie-laclavetine-en-rabelaisie_1040859.html

Commentaires