- Ce document, dans sa version Livre de poche, est estampillé "Prix des lecteurs (et lectrices aussi ?) Sélection 2016".
- Ok, c'est bien noté !
Une ambiance délétère dans la zone Cévenole. Ce dossier ne bénéficiera pas du soutien des épisodes du même nom. Pas la bonne saison. Le blanc manteau neigeux colle déjà aux godasses.
Gustave, habitant endémique des Cévennes, est au-dessous de tut ça. Il accepte la valse des saisons sans broncher. 'Y manquerait plus que ça! Garçon vacher depuis sa pas si tendre enfance, il s'investit sans rechigner dans sa petite entreprise d'élevage. Solitaire, taiseux, toujours un chien à la cheville, arrêté par ses idées, et des idées par brassées. Son enfance fut comme on dit, avare de joies, de douceurs zé d'amour. Ses parents (tous deux décédés, attention il y a un piège) ont traîné dans sa tête toute une brassée (redite) de réflexions.... Non-dits, claques volantes, humiliations, remises aux normes... Heureusement qu'il y avait la mémé. Une sage Dame. Avec une âme de celle qui porte aux questions toute son attention (texto). Mais pas de bruits. Pas d'esclandre. Les portes sont bien gardés. Les secrets de famille (eh oui, c'est de ça dont on parle) peuvent dormir tranquilles. La solitude également fut, et reste un grand thème de la vie au grand air. La nature peut être rude et dure avec ses rejetons. La vie au bout d'un fil. Tristesse.
A défaut de passer ses vacances dans la poudreuse (quoique...) Gus va, en plein milieu de sa vie, le célèbre nel mezzo del camin' di nostra vita, tourner dans une séquence digne des plus grandes aventures statiques de la ruralité. On est côté France. Une période difficile. L'abbé de l'hiver 54 vient de restituer son âme au seigneur. Ce fait marquant, colporté par les médias va bouleverser à jamais le Gus. Rien ne sera plus jamais comme avant. Pour dédramatiser un peu, on a bien essayé de rameuter tout le quartier pour la fête des voisins, mais rien n'y fit. Seul Abel a répondu présent : son aîné de vingt ans, classé également dans la catégorie solitaire, taiseux, etc.. Les deux bonzhommes s'accordent bien. Le petit rouge toujours sur la table égaie la party... La gnôle de prune est couleur urine de boeuf. Les oeufs sont décoquillés. Les grives auraient pu être au menu. Des coups de feu. Du sang sur la neige. Des peurs canines. Du bon lait chaud au petit déjeuner agrémenté de Gitanes (probablement des sans filtres - les plus juteuses - un remémorement joyeux)...
- Bon, ce n'est pas le tout Blvd, mais faut avancer, il y a d'autres lectures à chroniquer, un Pierre Véry notamment, qui hurle dans la pile pal. Mille et quelques pages. Le tome I d'une ébauche d'anthologie.
Dans la vallée, la neige n'arrange jamais rien. Elle ne désordre pas non plus. Seuls quelques comportements étranges sont à déplorer ces derniers temps. Des visites de courtoisie. Des démarcheurs tenaces. Il y a des raisons. Il y a toujours des raisons. Religieuses, politiques, sociales, personnelles...
Le bois est encore un peu tendre. Des contes à régler dans la gorge de Gus. On ravive les tensions. Rien n'y fait. Les frimas de l'hiver sont bien là. Et les fins de cycles sont portées par des vents tristes.
Une belle écriture. Sophistiquée. Couchée dans les draps du temps qui passe. Les relations père/fils à l'honneur. Les frères/frères sont également présentes.
On n'oublie pas les gros bras. Les Massey, et les Claas sont de sortie. Par contre, le Poclain est absent. C'est dommage. Il a dû être enseveli sous la terre avec tous les indésirables.
Un roman Policier ? Comme annoncé. Pas sûr. Un polar social ? Faut voir. Un polar rural ? Comme y disent en ce moment... Possible....
A classer. Pour plusieurs raisons.