Le Royal-bougnat, Joseph Bialot

C'est impressionnant le nombre de personnages que l'on peut convoquer dans un texte de 189 pages (192 p. selon les autorités). 

Pour un premier contact :  

Deux affaires en une. Celle de Cheney et celle de Fabrette. Pas de ristournes possibles.

Pour se consacrer pleinement à sa deuxième enquête, Didier Valois, se met en disponibilité. C'est la moindre des choses. 
Dans la foulée, il va, par mimétisme, rejoindre les pointeurs inscrits à l'ANPE (de l'époque) des artistes en tout genre, et agiter toute une "clique" autour du Royal-bougnat, un troquet du XVe. 
L'économie tourne à plein. Mais attention à la surchauffe.
Heureusement, le parti pris du rapporteur est résolument écolo. On circule donc chemin des vaches, rue des plantes, impasse du moulin-vert, chemin des dunes, rue pavoise. On fait quelques pas en bord de mer (Honfleur), dans les beaux quartiers rive gauche, et dans les grandes forêts domaniales du 77. Quelques incursions à Saint-Ouen et Montreuil (et c'est heureux!). 

Une bien humble contribution, mais quand même...

Alors donc, sur le parcours, Didier trouve des morts de mort non naturelle, des suicidés de suicide non naturel, des grosses brutes qui cognent dur, des femmes au caractère bien trempé, des gens filés, des questionneurs de fichiers d'immatriculation, des flics "à la bonne", des maisons à la campagne, des familles composées, recomposées, qui voudraient bien se décomposer. 
On s'entraîne à la généalogie, mais comme d'hab' on s'épuise rapidement. 
On étudie aussi le réflexe de Krymski (?) (description dans le texte). 
On parle de dernière guerre, de derniers morts (?).
On chine, on joue, on perd, on gagne...
On renifle un problème d'espionnage industriel, un truc à l'assurance.
On fume des Gitanes à pleine goulée (sob).
On plaidoie double-plaidoie pour le métier de flic. 
On parle du Vél d'hiv d'avant, de pendant et d'après.
Le Poum est cité. 
Et un "plutôt crever" est lancé à la cantonade.

Plus festivement : on boit de la prune du Lot pour remonter le moral des troupes, du blanc gommé, et du Cognac hors d'âge. Le Cornas occupe une bonne place ainsi que le Gigondas.
Les tripoux et la daube provençale font partie également du voyage.
La forte densité des poch-e-s de sang au cm² peut s'avérer problématique. Les principales (poches) : Ophélie, Cécile, Marianne, Colette, Laurence, Carole, Lea, Janine, une concierge, une réceptionniste, Marie, Loïc, Coma, Neurone, Fernand, Frédéric, Cagna, Paul, René et Didier.
Françoise Dolto n'est pas invitée, pourtant on parle d'enfants et d'éducation.
On nous informe en backstage qu'un stéphanois, qui n'avait pas entendu la sonnerie, a finalement rejoint la communauté.   

Bibliothèque : le livre du ça de Groddeck, le Chantefables et chantefleurs de Desnos, 
Hegel et Kierkegaard sont dégainés dans les salles d'attente et R. Laing est proposé à la citation..

On confirme que le Pascal a toujours été mieux coté que le Delacroix (encore aujourd'hui mais l'écart s'amenuise).

La question en suspens : ça existe encore les innocents ?

Devoir sur zinc : les amoureux sont-ils seuls au monde ?

C'est court, percutant. Les forces sont jetées dans la mêlée avec plus ou moins de bonheur. Les enquêtes s'emberlificotent, se téléscopent, se triturent l'une l'autre. 
Au détour d'un retour à la ligne, ou d'un saut de paragraphe plusieurs pistes sont ouvertes. Le retour en arrière est prisé. Pas d'obligation.  
Un peu de Poulpe, un soupçon de Burma, et sûrement, ici et là, du Manchette.
Cos'altro (ou ouatelse !)

Visionnage :

Espace détente : par là (c'est un hommage ;-))