Retour en Afrique, Chester Himes, Cotton Comes To Harlem


- T’aurais pas vu Bud Blvd ?
- Ca fait un petit moment que je ne l'ai pas vu, qu’est-ce que tu lui veux ?
- Ben c’est le Colonel qui fait un foin du diable, l’a perdu une balle en de coton.
- Ah... Non, par contre j'ai vu quatre-vingt sept milles boules dollars survoler l'atlantique...

Ed Cercueil et Fossoyeur font parler la poudre. Ces deux-là c’est un peu comme qui dirait Fourchette et Couteau du routier quatre étoiles à l’angle de la 7è et de la 125è. Tendre et saignant ! Pas de préparation exotique. Du brut de brut.
Sur fond de traversée de l’Atlantique – une arnaque entre-nous-soit-dit –. et de post-colonialisme, les deux superflics de Harlem se déplacent en brasse coulée. Une immersion anaérobique qui leur donne une envie de frapper sur tout ce qui bouge... 
Le concept du retour aux racines n’est pas vraiment une promenade de santé. Je n’apprends rien à personne. En général ça se passe au moins une fois dans une vie (à la fin le plus souvent). 
... La visite de Harlem se fait dans la douleur. Cinq cents mille résidents parqués dans un gruyère. Même les rats s'y perdent. 
Rodéos endiablés. Courses poursuites. Bastons. Saignements non maîtrisés. Femmes battues zé abattues. Des mises à l’amende en règle. Si le sujet n'était pas aussi sérieux, on pourrait se croire au ball-trap.

On déplore des comportements douteux. Je cite  : " Fossoyeur lui fourra son engin dans la poche de sa veste" (de qui se moque-t-on ?). Mais ce n’est pas tout,
On vend son corps
On roule sur les blessés
 On malmène les souris
On dévoile ses bienfaits
On achève les faibles
On danse le branle
On défile
On dévalise
On chine chifte
On emballe
On forme la jeunesse
On discute sans se plaindre
On tord-boyaute et on boit du bourbon agrémenté d’eau de Seltz
On se badigeonne au parfum de bazar
Pou’ des ‘aisons que l’on igno’e, les ‘ sont ‘emplacés pa’ des ‘ . Peut-êt'e un p'oblème d’imp'ime'ie.
On fume des manilles (les riches seulement !)
On se donne du courage !

Pour les secteurs d’activités, c'est la filière du coton qui est pointée du doigt. On remarque que la lingerie n’est pas très nette.
Pour les armes, c'est fusil automatique Savage, balles de 190, pointes de plomb et du côté de la maréchaussée c'est Revolver .38, canon long et .45.
Eclairage judicieux sur la communauté Gullah ou Geechee (au choix)
L’ambiance musicale est au Jazz. Visite du Cotton Club.
Les plats sont fournis. Jarret de porc aux haricots rouge et riz. Opposum à la broche avec patates douces au caramel, chou et gombo. Ragout de bouc pour l'odeur. 

Un texte pour ne pas oublier. Le devoir de mémoire. Une mise en perspective de la bienveillance et du « besoin » d’aider son prochain (il en faut). Et tous ces petits gestes invisibles qui font notre quotidien. 

Sombre humanité.

Un texte à mettre dans toutes les mains (imho). Les niveaux de compréhension sont modulables et pour toutes les bourses. Et du plaisir à coup sûr. 

Approved by blʌdʒən


Bye